Publié le 29 mai 2023
Parmi les premières plantes domestiquées par l’homme pour ses fibres robustes, les qualités nutritives de ses graines et les propriétés médicinales de ses fleurs, l’utilisation du chanvre a évolué au fil de l’histoire de l’homme et des découvertes de ses nombreuses propriétés. L'histoire du chanvre est fascinante et riche en événements marquants.
Après une réaction immédiate des acteurs de cette nouvelle filière en particulier l’UPCBD (Union des Professionnel du CBD), le 23 janvier 2022, le Conseil d’Etat suspend à titre provisoire l’arrêté du 30 décembre 2021 et l’annule définitivement le 22 décembre 2022 en raison de l'absence de preuves des risques pour la santé publique. Il juge que le CBD n'est pas un produit stupéfiant. La vente de fleurs et de feuilles des variétés de Cannabis Sativa L., dont la teneur en THC (delta-9-tétrahydrocannabinol) est inférieure à 0,3% est donc aujourd’hui légale en France.
En France, l’arrêté, publié au Journal officiel le 31 décembre 2021, interdit dorénavant la vente de fleurs, de feuilles et de cannabis, même de cannabis bien-être avec moins de 0,2% de THC (delta-9-tétrahydrocannabinol). Ce même arrêté autorise en France la culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation industrielle et commerciale des variétés de Cannabis Sativa L., dont la teneur en THC (delta-9-tétrahydrocannabinol) est inférieure à 0,3%.
Une expérimentation de 2 ans est lancée en France avec 3000 volontaires pour étudier les effets thérapeutiques du CBD et du chanvre médical.
La Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE) rend un arrêt connu sous le nom de l’arrêt "Kanavape", confirmant que l'interdiction du cannabidiol (CBD) en France ne respecte pas les règles européennes. Cet arrêt contraint la France à modifier sa réglementation sur le CBD et a un impact important sur les législations du cannabis dans toute l'Europe.
La FDA (Food and Drug Administration) approuve l’Epidiolex, le premier médicament à base de CBD pour traiter les formes graves d'épilepsie chez les enfants, ce qui marque une nouvelle étape importante dans la reconnaissance du potentiel thérapeutique du CBD.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publie un rapport recommandant de ne pas classer le cannabidiol (CBD) comme substance contrôlée au niveau international. Selon ce rapport, le CBD ne présente pas de risques de dépendance, n'est pas nocif pour la santé et pourrait avoir des propriétés thérapeutiques pour certaines pathologies, comme l'épilepsie. Cette décision a un impact considérable sur la réglementation et la recherche scientifique dans le domaine de l'utilisation du CBD à des fins médicales.
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en France accorde une autorisation exceptionnelle à un laboratoire pharmaceutique pour produire du Sativex, un médicament à base de cannabinoïdes destiné au traitement de la spasticité chez les patients atteint de sclérose en plaques. Cette décision marque un tournant dans la législation française sur le cannabis médical, qui est jusque-là très restrictive.
Charlotte Figi, une jeune américaine atteinte du syndrome de Dravet, une forme d'épilepsie rare et incurable, connait une amélioration spectaculaire de son état grâce à l'utilisation de l'huile de CBD à faible teneur en THC. Cette histoire a un impact considérable sur la législation du cannabis aux États-Unis et dans le monde entier, ainsi que sur la recherche scientifique dans le domaine de l'utilisation du cannabis à des fins médicales. Les parents de Charlotte créent alors la Fondation Realm of Caring pour sensibiliser les gens aux avantages de l'utilisation du CBD et encourager la recherche sur ses effets médicaux.
Des chercheurs de l'Institut de recherche de Californie (SRI) publient une étude démontrant que le cannabidiol (CBD) pourrait ralentir la croissance des cellules cancéreuses du sein, de la prostate et du cerveau. Les résultats de l'étude sont publiés dans le British Journal of Pharmacology et suscitent un grand intérêt dans le monde scientifique. Depuis, plusieurs études sont anticipées pour mieux comprendre les mécanismes d'action du CBD sur les cellules cancéreuses. En 2019, une étude publiée dans la revue Molecular Cancer Therapeutics montre que le CBD pourrait également inhiber la croissance des cellules cancéreuses du pancréas. Les chercheurs observent que le CBD bloque l'expression d'un gène impliqué dans la prolifération des cellules cancéreuses. Cependant, il est important de rester prudent et de poursuivre les recherches pour mieux comprendre les effets du CBD sur le cancer.
Le gouvernement américain dépose un brevet sur le cannabidiol (CBD) en tant qu’antioxydant et neuroprotecteur, confirmant ainsi les propriétés bénéfiques de cette molécule pour la santé et mettant en évidence ses propriétés médicinales prometteuses pour le traitement de maladies neurodégénératives telles que Parkinson ou Alzheimer.
Dans les années 2000, des études scientifiques mettent en évidence les propriétés antioxydantes et neuro-protectrices du CBD (cannabidiol). Cela provoque un intérêt croissant pour l'utilisation du CBD dans le traitement des maladies neurodégénératives telles que Parkinson et Alzheimer. Des études montrent également que le CBD peut potentiellement avoir un effet positif sur l'inflammation, la douleur et l'anxiété, ce qui peut également en faire un traitement prometteur pour d'autres affections.
Depuis le début des années 2000, les constructeurs automobiles commencent à utiliser des fibres de chanvre pour fabriquer des panneaux composites pour les voitures. Les fibres de chanvre, de lin et de kenaf sont mélangées à du verre pour produire des panneaux plus légers, plus résistants et plus écologiques. Les voitures de la marque Mercedes Benz, comme la Classe C, contiennent jusqu'à vingt kilos de chanvre dans leur construction.
La Californie devient le premier État américain à légaliser l'usage médical du cannabis, permettant aux patients d'avoir accès aux effets bénéfiques de la plante pour certaines douleurs ou symptômes. Cette décision ouvre la voie à d'autres États américains tels que l’Alaska et l’Oregon et à de nombreux autres pays dans le monde pour légaliser le cannabis médical.
Une équipe de chercheurs dirigée par Lumir Hanus de l'Université hébraïque de Jérusalem découvre le système endocannabinoïde, qui régule plusieurs fonctions physiologiques telles que la douleur, l'humeur et l'appétit. Ce travail est réalisé en collaboration avec Raphaël Mechoulan, qui avait isolé le CBD et le THC plusieurs années antérieures et qui en 1990 avec son équipe découvre et caractérise le premier récepteur cannabinoïde CB1 puis le deuxième récepteur cannabinoïde CB2 en 1993. Ces recherches aboutissent également à la découverte de deux endocannabinoïdes, l'anandamide et le 2- arachidonoylglycérol (2-AG), produits naturellement par le corps humain.
Au cours des années 1980 et 1990, le CBD (Cannabidiol) commence à être révélé pour ses effets thérapeutiques potentiels dans le traitement de l'anxiété et des troubles psychotiques, ouvrant ainsi la voie à des recherches plus poussées sur les propriétés médicinales du chanvre.
En 1970, le président américain Richard Nixon promulgue le Controlled Substances Act, classant le cannabis comme une substance de catégorie I, considérée comme la plus dangereuse et sans utilité médicale. Cela entraîne la criminalisation de la possession et de la vente de cannabis, ainsi que la fin des recherches sur ses propriétés thérapeutiques. Cet acte a un impact très important sur la politique de prohibition du cannabis dans de nombreux pays.
En 1963, le chercheur israélien Raphaël Mechoulam identifie la structure moléculaire précise du cannabidiol (CBD) : C21H30O2 et démontre qu'il ne possède pas d'effet psychoactif. Un an plus tard, en 1964, il parvient également à isoler et caractériser le tétrahydrocannabinol (THC) : C21H30O2, et découvre la relation entre les cannabinoïdes et les effets psychotropes associés à la consommation de cannabis. Dans une interview, le scientifique explique : « Au début des années 60, cela fait déjà plus de 150 ans qu’on avait isolé la morphine de l’opium et plus de 100 ans que des études avaient été lancée sur la cocaïne. Mais rien n’avait été fait au sujet du cannabis ! »
Dans les années 1960, l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) et la FNPC (Fédération nationale des producteurs de chanvre) lancent un programme de sélection de variétés différentes de chanvre dans le but de créer une plante monoïque à faible teneur en THC . Ce programme a pour effet de relancer la culture du chanvre en Europe, en particulier en France.
La Marihuana Tax Act mise en place en 1937 entraine une pénurie de chanvre pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, le gouvernement américain lance une campagne de « Culture de la Victoire » et appelle les agriculteurs à cultiver du chanvre pour fournir la fibre de chanvre pour les cordages, les parachutes et les uniformes militaires. En 1942, le film documentaire « Hemp for Victory » est produit par le ministère de l'Agriculture des États-Unis pour encourager la culture de chanvre pour l'effort de guerre.
Le constructeur automobile Ford développe et présente un prototype de voiture entièrement composé de matériaux végétaux, appelé la "Hemp Body" (corps de chanvre). La carrosserie de ce véhicule est en plastique, fabriqué à partir de fibres de chanvre à 70 %, et fonctionne à l'éthanol à base de chanvre. Cette innovation prometteuse est rapidement stoppée en grande partie par la prohibition du chanvre aux États-Unis.
Le chimiste américain Roger Adams isole le cannabidiol (CBD) pour la première fois et commence à étudier ses propriétés pharmacologiques. Cette découverte est importante pour l'avenir de la recherche sur le cannabis thérapeutique.
La Marijuana Tax Act est adoptée aux États-Unis, obligeant les chanvriers américains à s'enregistrer auprès du gouvernement et surtout à payer de lourdes taxes supplémentaires. Cette loi marque le début d'une réglementation très stricte de la culture du chanvre aux États-Unis et dans le monde entier, contribuant à la diabolisation de la plante
Le gouvernement américain produit de nombreux films, dont le film "Reefer Madness", destinés à renforcer la stigmatisation du cannabis et en faire un enjeu moral. Cette propagande vise également à justifier la prohibition de la plante.
Harry J. Anslinger, nommé à la tête du Federal Bureau of Narcotics et très proche de l’industrie pétrochimique, lance une campagne de propagande contre le chanvre et le cannabis, accusé de provoquer la folie meurtrière chez les consommateurs. Cette campagne est soutenue par les industries pétrochimiques et du papier, qui voit le chanvre comme une menace pour leurs intérêts.
Dans les années 1920, le gouvernement américain commence à réglementer très sévèrement l'usage du chanvre en raison des pressions subies par les industries du coton, du papier et du pétrole. Cette pression croissante sur le cannabis entraîne une diminution de la recherche scientifique sur ses propriétés thérapeutiques. L'accent est mis sur les effets psychotropes de la plante, contribuant ainsi à la stigmatisation de son utilisation. Les recherches scientifiques sur le cannabis sont alors majoritairement voire presque arrêtées. Des campagnes sont créées pour lier la plante au crime et à la folie, poussant à l'interdiction du chanvre. Les agriculteurs sont contraints de se tourner vers d'autres cultures, entraînant un déclin de la production de chanvre aux États-Unis.
Pendant les deux guerres mondiales 1914/1918 et 1940/1945, certains pays, tels que la Russie, l'Allemagne et le Royaume-Uni, produisent des uniformes pour leurs soldats à partir de chanvre en raison de sa résistance et de sa durabilité.
Les premiers jeans Levi's sont fabriqués à partir de chanvre et de coton, reflétant l'utilisation du chanvre dans l'industrie textile à l'époque.
1864 marque l'année où le cannabis est intégré dans le recueil national des médicaments aux États-Unis, étant prescrit pour une centaine de maladies en raison de ses effets antispasmodiques, antidépresseurs, sédatifs et analgésiques. Cette reconnaissance marque un tournant dans l'histoire du cannabis médical.
A partir des années 1840, le Dr William O'Shaughnessy traite la Reine Victoria d'Angleterre avec du cannabis notamment pour la soulager ses douleurs menstruelles. Elle devient par la suite une utilisatrice régulière contribuant ainsi à la vulgarisation du cannabis médical en Occident.
En Angleterre, Sir William Brooke O'Shaughnessy est l'un des premiers à découvrir les bienfaits thérapeutiques du chanvre et commence à l'utiliser pour soigner des maladies telles que le choléra, le tétanos et la rage. Bien que le chanvre ne puisse pas guérir ces maladies, il est constaté une réduction des douleurs et des spasmes musculaires des patients. Ses découvertes ouvrent la voie à l'utilisation du chanvre par les médecins à travers le pays, contribuant à l'essor de l'utilisation médicale du chanvre.
George Washington, 1er Président des États-Unis, promulgue une loi instaurant des droits sur le chanvre pour soutenir le développement des industries américaines du papier et du textile. Cette mesure permet de soutenir la production de chanvre aux États-Unis et de favoriser son utilisation industrielle.
La même année, Thomas Jefferson, futur président des États-Unis, évoque dans son journal l'importance du chanvre pour le commerce, la marine et la santé du pays. Il souligne ainsi le rôle crucial de cette plante dans le développement économique et sécuritaire du pays.
Au cours du XVIIIème siècle, la culture du chanvre est si importante aux États-Unis que les agriculteurs sont tenus de cultiver du chanvre et une partie de leur récolte était destinée à l'État sous forme d'impôt. Cette obligation est maintenue jusqu'au début du XXème siècle, date à laquelle la prohibition du cannabis a progressivement émergé.
Le naturaliste français Jean-Baptiste LAMARCK découvre et différencie deux espèces de chanvre : Cannabis Sativa et Cannabis Indica, marquant une étape importante dans la compréhension de la diversité des plantes de chanvre.
Elle tire son nom du commerce florissant du chanvre à Marseille, qui est l'un des plus grands comptoirs mondiaux de chanvre. À l'origine, la Canebière s'appelle "la Cannebis" en provençal, dérivé de "cannabis", le nom latin du chanvre. Cette appellation remonte à une période antérieure au XVIIe siècle
La Déclaration d'Indépendance et la première ébauche de la Constitution des États-Unis d'Amérique sont écrites sur des supports en papier de chanvre, démontrant l'importance du chanvre pour les fondateurs de la nation américaine. Le papier de chanvre est couramment utilisé pour les documents importants à l'époque car il est considéré comme plus durable que le papier traditionnel.
Colbert crée la Corderie Royale à Rochefort-sur-Mer pour sécuriser l'approvisionnement en chanvre et fabriquer des cordages de haute qualité pour la marine française. Cette corderie devient l'une des plus grandes d'Europe et a joué un rôle clé dans l'industrie du chanvre en France.
Christophe Colomb navigue vers l'Amérique avec des voiles et des cordages en chanvre. Il emporte également du chanvre à bord de ses navires pour des utilisations médicinales, textiles et comme source de nourriture pour ses hommes lors de ses longs voyages.
Johannes Gutenberg imprime la première Bible sur du papier de chanvre, confirmant ainsi l'importance du chanvre dans l'histoire de l'imprimerie. Cette invention permet la production en masse de livres et de documents, contribuant ainsi à l'essor de la diffusion de la connaissance à travers l'Europe.
Au cours de l'âge d'or de l'Islam (VIIIe-XIIe siècles), en Afrique du Nord, les Arabes perfectionnent la technique de fabrication du papier à partir des fibres du chanvre et l'utilise comme support pour l'écriture de manuscrits et de textes scientifiques, littéraires et philosophiques. Cette utilisation du chanvre bénéficie à la diffusion du savoir et à la préservation de nombreux ouvrages de l'Antiquité.
IXème siècle : Charlemagne encourage la culture du chanvre pour sa valeur stratégique en tant que matière première pour la fabrication de vêtements, de papier et de cordages. Le chanvre devient également une monnaie d'échange en France, les agriculteurs pouvant payer leurs dettes avec cette plante. Cette politique a permis la prospérité économique de la France pendant des siècles.
Dès l'an 400, les Francs et les Germains commencent à produire du papier de chanvre, tandis que cette plante est utilisée pour fabriquer des vêtements, des cordages et des voiles pour les bateaux
Au fil des siècles, la culture et l'utilisation du chanvre sont largement adoptées en Europe.
Au IIIème siècle : Dans l'empire chinois des Han, le chirurgien Hua Tuo réalise des opérations sous-anesthésie en utilisant du chanvre. A cette même époque le cannabis figure parmi la liste des ingrédients dpour la fabrication de nombreux médicaments
En Chine : Le Shennong bencao jing, le plus ancien manuscrit concernant l’usage thérapeutique des plantes, classe le chanvre comme substance permettant de prolonger la vie.
600 avant Jésus Christ : Le chanvre est largement cultivé pour la production de fibres textiles dans de nombreux pays dont la Chine, l'Inde et l'Égypte. Des preuves archéologiques montrent également que les Grecs et les Romains utilisent le chanvre pour produire du textile.
Le chanvre est mentionné en Egypte dès 1500 avant Jésus Christ pour ses propriétés médicinales, notamment pour soulager les inflammations vaginales et les douleurs menstruelles. Les textes égyptiens témoignent de l'usage ancestral du cannabis comme plante médicinale, notamment dans un texte daté du XVIIIe siècle av. JC.
Des études suggèrent que le chanvre aurait été domestiqué par l'Homme préhistorique au Néolithique il y a plus de 10 000 ans comme l'attestent des céramiques peintes retrouvées lors de fouilles archéologiques en Chine et au Japon. Cependant, son origine exacte reste incertaine, avec des hypothèses situant sa naissance en Asie, près de l'Himalaya, en Sibérie russe ou le long du fleuve jaune de Chine
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